EDITORIAUX 2008
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Septembre 2008 En cette rentrée, nous allons prendre la mesure d’une série de phénomènes – déplacement du pouvoir mondial, environnement, énergie, alimentation… – que nous risquons de subir soudainement, massivement, peut-être simultanément. La crise, qui n’était pour beaucoup qu’un sujet de conversation, devient une réalité immédiate, angoissante et qui concerne tout le monde. Elle accentuera ce que l’on observe déjà : la réduction des ressources de l’Etat et de toutes les collectivités, l’explosion des attentes, donc un redoutable effet ciseaux. Les communes risquent d’éprouver la situation de manière particulièrement brutale. Parce qu’elles sont l’un des peu nombreux corps intermédiaires dont l’autorité ne s’est pas affaiblie, les Français vont massivement se tourner vers elles pour trouver des solutions à leurs problèmes : coût de la vie, logement, pauvreté, sécurité, emploi, vieillissement, isolement… Mais les communes, dont les situations sont infiniment diverses, disposent de peu de moyens et ne sont pas préparées à affronter ce qui pourrait bien devenir une épreuve. Le regard prospectif, qui situe les enjeux du moment à la fois en regard du temps, passé et à venir, et de l’espace, peut aider. Dans la culture administrative française, le maire est d’un côté officier ministériel, « relais du dernier kilomètre » qui reçoit les instructions de toutes les administrations, de l’autre représentant des habitants de la commune, légitimé par l’élection. L’équilibre entre ces deux rôles, de tout temps instable, est à nouveau compromis par les événements. La crise affaiblit l’Etat au moment même où celui-ci, à son initiative ou pour répondre à des demandes, multiplie les rôles qu’il s’attribue. Ainsi, cet été, l’affaire du passeport biométrique : prenant des libertés que leurs respectueux prédécesseurs n’auraient pas imaginées, les maires ont signifié à l’Etat qu’ils ne le prendraient en charge que si la municipalité était effectivement rémunérée à cette fin. En prospective, une évolution sans précédent pourrait s’affirmer : responsabilisation accrue de l’échelon élémentaire communal, mise en place d’une relation de subsidiarité avec les niveaux dits supérieurs. Le métier du maire pourrait porter principalement sur l’encouragement de la production locale de richesses et l’animation locale. Tout cela, qui est aux antipodes de la culture administrative actuelle et de la pratique, ne se fera pas du jour au lendemain. Les populations ont une longue habitude de la dépendance bien comprise vis-à-vis des Pouvoirs publics – obéir, mais être subventionnées – comme l’illustrent les complaintes qui accompagnent la fermeture de bases militaires depuis longtemps obsolètes. Mais la capacité de passer d’un système bureaucratique à un système individualisé est le meilleur indicateur de la modernité d’une société. Les faits sont là et il faudra bien trouver – plus vite que les acteurs concernés ne le croient – des formes d’adaptation créative. Armand Braun |
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Citation
« Le pilote expert et adroit ne navigue pas à l’arbitre du vent ; au contraire, utilisant sa force, il dispose ses voiles de telle sorte qu’elles le mènent au port désiré… Il n’y a pas de navire plus dangereux que la couronne, exposée aux vents de l’ambition, aux écueils des ennemis et aux bourrasques du peuple… »
Diego de Saavedra Fajardo, diplomate et écrivain espagnol (1584-1648) – cité par Michel Le Bris in « D’or, de rêves et de sang »
Clin d’oeil
« Chagall a peint le plafond de l’Opéra de Paris à 77 ans et Verdi composé « Falstaff » à 80 ans. Claude Monet a achevé « Le Pont japonais » à 82 ans, et Martin Scorsese, « Killers of the Flower Moon », à 81 ans. »
Erwan Le Morhedec – Le Figaro – 9 février 2024
Rencontre
Le coin du poète
Dans le marbre de ta mémoire
Dans le marbre de ta mémoire
Je graverai mon nom
Afin que jamais tu n’oublies
Les traits de mon visage
L’amour qui nous avait unis
Nos envols sur la crête des vagues
Et le sombre et profond silence
Des nuits où nos doigts enlacés
Nous écoutions sonner nos cœurs à l’unisson
Dans le marbre de ta mémoire
Je veux inscrire ces matins
Où les rais d’un soleil ardent
Te délivraient de ton sommeil
Où dans le trait des hirondelles
Griffant l’immensité du ciel
Montait le parfum du printemps
Où nous rêvions à tire d’ailes
De les y rejoindre en volant
Dans le marbre de ta mémoire
Je veux ciseler l’éphémère
Compter les jours où nous vécûmes
Les jours où nos âmes mêlées
Les nuits où nos corps enlacés
Nous suivions les portées du désir
Comme un archet au bout des doigts
Nuits où le murmure de ta voix
Chantait la salsa du plaisir
Dans le marbre de ta mémoire
Je veux être mort ou vivant
Le glyphe que l’usure du temps
Ne peut effacer ni détruire
Jean Recoing